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Question de Perspective 7 –  Management : qualité et choix tactiques

Qualités du manager et choix tactiques.

Utiliser la métaphore du sport pour réfléchir ensemble au monde de l’entreprise nous a semblé naturel.

Au cœur d’une situation économique tendue pour de nombreux acteurs, d’une crise des vocations et du recrutement indéniable ; nous voyons à l’étude ALCAIX le monde de l’entreprise se rapprocher de celui du sport. 

Les interrogations de nos clients dirigeants ou managers sont alors bien celles d’un coach sur le bord du terrain : comment mobiliser son équipe, choisir la bonne équipe pour le bon match, lui donner envie de gagner, d’aller de l’avant et de jouer collectif… Donner les outils pour gagner sur le terrain en adoptant la stratégie adéquate.

Pour répondre à ces questions (presque) sportives, nous avons rencontré le coach de rugby international Karim Ghezal

Question de terrain et de perspective…

Karim Ghezal, nous parlons au coach que vous êtes. Quelle est pour vous la principale qualité d’un bon manager ?

Karim Ghezal : « La principale qualité d’un manager est sa lucidité, associée à une vision adaptée au contexte : quelle équipe je possède, quels sont nos points forts, nos objectifs réalisables, notre feuille de route claire, notre environnement, notre territoire, nos supporters, notre financement, notre communication interne et externe. Être lucide, c’est savoir « pourquoi » cela fonctionne ou non. C’est la plus importante des compétences, avec celle de savoir s’entourer des bons experts. Le résultat n’est que la conséquence des actions menées avant le match et pendant le match. Il ne se joue pas uniquement sur le terrain.

L’autre clé est le leadership. Le bon manager doit savoir transmettre par le biais de leaders choisis, le ou les messages qui portent son objectif. La vision doit être commune. En ce sens, je reste persuadé que l’augmentation de personnes intégrées aux staffs a diminué la capacité de leadership de nos joueurs. Le rugby s’est développé avec des spécialistes de chaque domaine, mais donne aux joueurs moins de place et plus d’excuses quand ça ne va pas. Combien d’entraîneurs dictent les choix stratégiques sur un terrain ? »

Comment choisit-on son équipe ?

Karim Ghezal « En rugby, nous sommes contraints par un « salary cap », une limite de masse salariale du club qui est fixée actuellement à 11 millions d’euros en Top14. Nous avons également des contraintes sur les joueurs formés en France sur chaque feuille de match, avec une moyenne de 17 joueurs sur 23, et ce sur l’ensemble de l’année. Ce qui peut engendrer des gains financiers ou des pertes de points. 

Une fois ce contexte posé, il est capital pour trouver la bonne alchimie, de tenir compte de l’environnement du club : s’agit-il d’une petite ville, grande ville, avec plus ou moins de supporters. Quel est le fonctionnement du club, est-il financé par un mécène ou beaucoup de partenaires, quel est le mode de gouvernance du club, etc. 

Tout ceci nous guide pour comprendre l’ADN du club. Et il est important que les joueurs choisis y correspondent pour donner leur maximum dans un projet collectif. Et enfin, se pose la question de quels recrutements je peux faire sur cette année, sur les trois prochaines années ? Le tout est une équation subtile. »

Comment se manage une équipe sur une saison ?

Karim Ghezal : « Dans un premier temps, je pense qu’il est capital de bien former ses jeunes joueurs. Pourquoi ? Parce qu’ils ont la culture du club, et entre nous, ils coûtent moins cher que de recruter des joueurs confirmés ailleurs. Tout comme en entreprise, il est important de former les collaborateurs qui connaissent l’identité de son entreprise, qui sont imprégnés de la culture d’entreprise. 

Bien sûr il est obligatoire d’aller recruter des talents ailleurs, qui possèdent de l’expérience et vont faire monter en compétences toute l’équipe ou toute l’entreprise. Mais le choix doit être précis, sous peine de recruter un élément non compatible, qui ne sera pas heureux et cher à remplacer une fois le groupe de 45 joueurs défini. 

Je pense que le bon équilibre, c’est 30 joueurs confirmés et 15 jeunes potentiels. Il est important de bien les préparer à performer et de bien choisir les 23 qui joueront chaque match. Le choix peut se faire sur des critères précis en collaboration avec des entraîneurs spécialistes, qui partagent leur avis et aident à la décision finale qui revient au manager. C’est lui qui doit garder les équilibres qui permettent de performer. »

Qui est Karim Ghezal ?

Formé dans le Gers à L’Isle-Jourdain avant de porter les couleurs de Toulouse, Béziers, Grenoble, Castres, Montauban, du Racing et pour finir de Lyon en 2016 après 20 ans sur les terrains et plus de 300 matchs en professionnel, il décide de passer côté entraîneur au LOU Rugby grâce à la confiance de Pierre Mignoni. Entraîneur des avants du LOU Rugby , il participe au maintien historique en 2017 puis à la demi-finale de 2018 au Parc OL, en 2019 à Bordeaux. 

Fabien Galthie lui donne ensuite l’opportunité d’entraîner l’équipe de France de 2019 à 2023 avec 45 matchs, 4 tournois des 6 Nations, la Coupe du Monde en France en 2023. Il participe à 80% des victoires, Grand Chelem 2022 et a connu la première place mondiale et le record de victoires d’affilée. 

Après la Coupe du Monde, il rejoint le Stade Français Paris pour un nouveau rôle de manager avec à la clé une première demi-finale directe pour ce club de 140 ans.